Depuis plus d'un demi-siècle, les laboratoires des pêches maritimes élaborent des modèles d'exploitation des stocks de poissons commercialisables. Les spécialistes de gestion halieutique disposent de moyens efficaces de contrôle, généralement par l'analyse des classes d'âge, et tentent d'éviter que les captures n'atteignent la zone critique de la surexploitation, de la surpêche. Ces modèles sont-ils applicables aux pêches antiques, voire aux pêches préhistoriques ? Dispose-t-on de témoignages précis de surpêches antérieures à l'époque moderne, et, si tel est le cas, les restes osseux, qui constituent alors la seule source factuelle d'information, permettent-ils de mettre en évidence cette éventuelle surexploitation antique des ressources halieutiques ? Ce problème n'est généralement abordé que par le biais de rares sources écrites antiques. Les études d'ossements de poissons provenant principalement de sites côtiers méditerranéens du Néolithique ancien au Moyen Âge, réalisées par les auteurs, permettent de le réexaminer à partir de données factuelles, en appliquant aux squelettes des poissons capturés des méthodes de reconstitution des âges et des tailles. La diminution de la taille des prises (mérous, daurades), comme la disparition de certaines espèces (esturgeons), manifeste bien la réalité d'une surpêche dès l'Antiquité.