Les textes anciens signalent plusieurs cas spectaculaires d’armées confrontées à des serpents venimeux dans des zones reculées du monde : des campagnes orientales d’Alexandre et de Pompée aux expéditions conduites en Afrique du Nord, au Levant et en Arabie, quelques motifs communs permettent de s’interroger sur le rôle épistémologique de ces épisodes militaires. Aux peurs traditionnelles liées à la dangerosité des confins s’ajoutent plusieurs facteurs intéressant la constitution des savoirs sur les ophidiens : une démarche exploratoire, les comportements de groupe, les circonstances défavorables, la présence de médecins spécialisés ou non, les informations fournies par les populations locales. La contribution propose un panorama de ces différentes expéditions et des ophidiens rencontrés en tentant de faire la part entre la légende, l’histoire et la science. Après examen, deux situations majeures apparaissent : soit les armées furent confrontées à des espèces réellement dangereuses (Bungarus, Eristicophis macmahonii, Cerastes cerastes, Cerastes vipera), soit elles ont prêté une nocivité sans fondement à d’autres qui étaient inoffensives (Eryx jaculus, Coluber elegantissimus) contribuant dans tous les cas à outrer le tableau catastrophique de ce type de rencontre.
expéditions, explorations, médecine militaire, Psylles, marsi, épistémologie, zoonymie, légendes.