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Depuis au moins cinq siècles, le Mulet jaune (Mugil cephalus Linné, 1758) est pêché sur le littoral atlantique mauritanien, dans la région du Banc d’Arguin, par une poignée de familles imrâgen qui se distinguent par la pratique saisonnière de la pêche. Le mulet fait en outre l’objet de pratiques de consommation singulières : chaque année, les familles d’éleveurs de la frange atlantique du Sahara s’invitent chez les Imrâgen, pour « se soigner » en consommant du poisson bouilli, du poisson séché et de l’huile. Dans cette société bédouine et musulmane, où seule la viande de ruminant ou la chair de bête sauvage terrestre est normalement bonne à manger, la consommation du mulet fait donc figure d’exception. C’est cette exception et la façon dont elle est culturellement construite et socialement « gérée » que cette contribution interroge. Qu’est-ce qui confère à cette denrée carnée et à sa consommation ses caractères d’exception ? À quels ajustements culturels la consommation du mulet a-t-elle obligé à procéder ? Dans un contexte récent de mise en défense du Banc d’Arguin et de surpêche, le mulet a-t-il gardé localement ce statut singulier ?
Mulet jaune, consommation singulière, Pasteurs, Nomades, Musulmans, Imrâgen, Mauritanie.