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Manger du chien à Tahiti : une affirmation identitaire ?

Christophe SERRA MALLOL

fr Anthropozoologica 45 (1) - Pages 157-172

Publié le 25 juin 2010

Cet article est tiré de la thématique Viandes et sociétés : les consommations ordinaires et extraordinaires

La rareté des animaux terrestres, l’importance symbolique conférée à la viande rouge, et la stratification sociale marquée par des interdits alimentaires nombreux, ont fait du chien un aliment de choix dans l'ensemble de l’aire polynésienne pré-européenne. Aliment sacrificiel destiné en offrande aux dieux et à la consommation cérémonielle, support de rites d’échanges et de conciliation, réservé à l’élite de la société ancienne, sa consommation a été relevée à Tahiti par les premiers Européens en contact avant qu’elle ne soit désacralisée par les missionnaires anglais et français. Malgré les nombreux changements qui ont marqué l’évolution de la Polynésie française au cours des deux derniers siècles, et le discrédit porté sur le chien comme aliment, la consommation de chien est occasionnelle aujourd’hui mais toujours présente parmi la population locale. Une enquête sur les pratiques et représentations alimentaires menée en zone urbaine à Tahiti et Moorea a permis de mettre en évidence la permanence de la consommation périodique de viande de chien de la part de groupes sociaux spécifiques. La préparation d’un plat à base de chien fait l’objet d’un choix raisonné de l’animal destiné à être abattu, d'un apprêt préalable et d’un mode de cuisson particuliers, et d’un mode de préparation culinaire original. Réprouvée par la population d’origine métropolitaine et par les autorités publiques, la viande de chien constitue un des marqueurs gustatifs ethniques au fondement d’une identité ma’ohi en pleine reconstruction.


Mots-clés :

Anthropologie de l’alimentation, habitudes alimentaires, cynophagie, Polynésie, Tahiti, chien, identité.

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