La domestication des camélidés, lamas et alpagas, s’est réalisée entre 6000 et 5500 B .P . dans les Andes centrales. Ces animaux ont joué un rôle fondamental dans le développement des sociétés préhispaniques. Chez les Mochica (100-800 apr . J .-C .), culture côtière du nord du Pérou, l'alimentation carnée était principalement composée de camélidés et de cochons d’Inde mais aussi de cervidés, de poissons et de malacofaune. Cependant, ces composantes sauvages ne sont pas utilisées dans les rites funéraires, notamment ceux portant sur l’alimentation symbolique du mort. Les témoignages ethnohistoriques et ethnographiques plus récents confirment la continuité de ces pratiques rituelles . Le lama est resté, jusqu’à nos jours, l’unique animal susceptible d’être consommé lors d’évènements extraordinaires, comme peuvent l’être les repas funéraires ou les cérémonies propitiatoires. C’est notamment le cas pendant le Carnaval, où le cœur et les poumons du lama sacrifié sont offerts, brûlés et symboliquement consommés par les Apu (les esprits de la montagne), la Pachamama (la Terre-Mère) et le Tio (divinité tutélaire de la mine). Nous tenterons de comprendre en quoi l’absence des animaux sauvages de ces rites correspondà des traditions culturelles anciennes, réunissant et opposant le monde terrestre et celui des divinités, le monde domestique et sauvage, cet ensemble conceptuelle garantissant l’ordre et la continuité de la société.
Sacrifice, rites funéraires, offrande, festin, dualisme, culture Mochica, Pérou.