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La langue des bois

l'appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi

fr Tome 1
Sergio DALLA BERNARDINA

Publié le 26 novembre 2020

« Ils remplissent de foin la peau de l’ours et après avoir célébré leur victoire avec des chants de raillerie et d’insulte, après lui avoir craché dessus et l’avoir repoussé à coups de pied, ils dressent l’animal sur ses pattes arrière et alors, pendant un temps considérable, ils lui accordent toute la vénération due à un dieu protecteur. » James G. Frazer, Le rameau d’or (1923 : 489)

Les Ostiaks, chasseurs d’ours sibériens, traitaient la dépouille de leurs proies avec la plus grande considération. Cela ne les empêchait pas de projeter sur ces proies une agressivité tout aussi sincère. Contradictions de l’homme primitif ? Témoignages d’une époque révolue ? Peut-être pas. Masquée par des nouvelles rhétoriques, protégée par des nouvelles ritualités, cette ambivalence semble orienter encore aujourd’hui nos rapports aux « non humains ». On en trouve des traces dans les espaces naturels, où le spectacle de la prédation, différemment commenté, excite chasseurs et non-chasseurs. Elle hante les ateliers des artistes et les salles des musées, où la mort de l’animal est à la fois pleurée et célébrée. Elle visite nos jardins et nos maisons sans épargner le monde végétal, des plantes d’intérieur aux sapin de Noël. En toile de fond, la « Comédie de l’innocence » dispositif psychologique et social permettant, par l’adoption d’un comportement stéréotypé, de sévir d’un côté et de se déculpabiliser de l’autre.


Sergio Dalla Bernardina est professeur d’ethnologie à l’université de Bretagne-Occidentale. Il est membre du IIAC-LACI (Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain - CNRS EHESS). Son domaine de prédilection est l’anthropologie de la nature, avec un intérêt tout particulier pour l’opacité des relations que les humains entretiennent avec les non-humains. Il dirige à l’EHESS le séminaire « De l’humain animalisé au vivant humanisé » et codirige le séminaire « Ruralités contemporaines ». Il a écrit, entre autres, L’utopie de la nature : chasseurs, écologistes, touristes, Imago, 1996, L’éloquence des bêtes : quand l’homme parle des animaux, Métailié, 2006, Le retour du prédateur, PUR, 2011, « Faut qu’ça saigne » : religion, écologie et sacrifice, Dépaysage, 2020.


Citation du tome :

Dalla Bernardina Sergio 2020 — La langue des bois : l’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi. Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 280 p. (Natures en Sociétés ; 1).

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La langue des bois
Nombre de pages : 280
ISBN : 978-2-85653-925-5
Informations techniques :

Version proposée :
fichiers ePub et PDF
Langue : Français
98 figures

ISBN : 978-2-85653-926-2
ISBN : 978-2-85653-927-9
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