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Améliorer les estimations de gains de biodiversité apportés par les mesures compensatoires : un retour d’expérience des actions de restauration menées sur l’île de Kembs

Lucie BEZOMBES, Agnès BARILLIER, Véronique GOURAUD & Thomas SPIEGELBERGER

fr Naturae 2022 (7) - Pages 121-132

Publié le 27 avril 2022

Cet article est tiré de la thématique 10ème Colloque du Réseau d’Échange et de Valorisation en Écologie de la Restauration - REVER 10. Paris, 19-21 mars 2019

Afin d’atteindre son objectif d’absence de perte nette de biodiversité, la séquence « Éviter, Réduire, Compenser » (ERC) doit permettre d’apporter des gains au moins équivalents aux pertes liées aux projets d’aménagement. Cela peut être réalisé grâce à des actions de restauration écologique qui visent à accélérer le rétablissement des écosystèmes. Le dimensionnement de la compensation passe par une estimation des gains en amont de la réalisation des projets, étape cruciale mais qui reste très incertaine, en raison notamment du manque de retour d’expérience du succès des actions de restauration écologique. Dans cet article, nous proposons des pistes d’amélioration de cette estimation. Pour cela, nous comparons des estimations de gains apportés par des mesures de restauration sur l’île de Kembs (Alsace), en utilisant une méthode d’évaluation de l’équivalence (ECOVAL) et des données de suivis récoltées juste après la mise en place de ces mesures. Plusieurs analyses sont réalisées et concernent (i) la justesse des estimations et le lien avec le degré d’incertitude attribué à l’estimation des gains (faible, moyen ou fort) et (ii) les sources des écarts observés entre les valeurs estimées et issues des suivis. Globalement, la moitié des estimations sont justes à court terme, mais une majorité est soumise à un délai trop court pour observer une évolution des indicateurs. Les bonnes estimations se retrouvent pour tous les degrés d’incertitude et quasi tous les taxons et milieux évalués. Les erreurs d’estimations proviennent principalement d’aléas pendant les travaux et d’une évolution naturelle des milieux non prévue. De plus, plus l’incertitude est importante et plus les écarts entre valeur estimée et issue des suivis est grande. Nos résultats soulignent l’importance de la mise en place de suivis réguliers sur plusieurs années (et notamment à long terme) pour vérifier que la biodiversité évolue bien comme estimé et pour rectifier les mesures compensatoires au besoin avec de la gestion adaptative. Le principal levier d’amélioration des estimations réside dans la capitalisation de retours d’expérience en portant une attention particulière à l’homogénéisation entre les données de suivis et celles de l’état initial. 
 

Mots-clés :
Indicateurs, suivis, séquence ERC, restauration écologique, incertitudes.
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