L'objectif de cette étude est de contribuer, à partir des diatomées, à la caractérisation des changements paléocéanographiques qui ont affecté la Méditerranée à la transition entre les conditions de mer ouverte du Messinien basal et le début de la crise de salinité. Ce marqueur biologique a été choisi car les diatomites sont l'une des composantes sédimentaires dominantes de cet intervalle de temps connu sous le nom de Formation du Tripoli. Une étude détaillée des assemblages de diatomées a donc été réalisée sur trois coupes sélectionnées en fonction de leur représentativité paléogéographique : bassin peu profond à l'extrémité occidentale (Lorca, Espagne), bassin profond comparable aux parties centrales de la Méditerranée et à la transition entre les parties occidentale et orientale (Gibliscemi/Falconara, Sicile) et bassin marginal à l'extrémité orientale (Pissouri, Chypre). Malgré cette diversité de situations, les assemblages de diatomées sont caractérisés par de nombreuses espèces communes et par la très large prédominance de l'espèce Thalassionema nitzschioides Grunow in Van Heurck, 1881. Les espèces rencontrées dans les trois coupes sont principalement des formes marines, y compris dans les sédiments situés au contact ou en intercalation dans le gypse. Une réduction de la diversité spécifique est observée vers le sommet de la série dans les coupes de Sicile et de Chypre. Le changement le plus important s'observe à Falconara/Gibliscemi où des assemblages d'eaux froides d'influence atlantique caractérisent la partie inférieure de la série tandis que les formes d'eaux chaudes dominent au-dessus, malgré des récurrences de conditions plus froides. Des variations s'observent également, dans la coupe de Gibliscemi/Falconara, à l'échelle élémentaire de chaque cycle sédimentaire par le passage d'assemblages dominés respectivement par les espèces néritiques océaniques dans la partie inférieure et planctoniques littorales vers le sommet.
Diatomées, Messinien, Méditerranée, Sicile, Espagne, Chypre