
Les découvertes récentes ont conduit à une transformation de notre réflexion sur les régimes alimentaires des premiers hominines. Plus particulièrement, l’étude de l’usure dentaire microscopique, des isotopes du carbone, et des éclats dentaires ont remis en question l’idée que le régime alimentaire de « Nutcracker Man », Paranthropus boisei Leakey, 1959, soit principalement composé d’objets durs. Moins d’attention a été accordée à son ancêtre probable, Australopithecus afarensis Johanson, White & Coppens, 1978. Pourtant, il existe des raisons de soupçonner que la remise en question du régime alimentaire de P. boisei soit hautement pertinente pour Lucy et ses proches. Ces raisons incluent : 1) l’usure microscopique des dents d’Au. afarensis et P. boisei est pratiquement identique, et ne montre aucune variation qui serait liée au changement d’habitat; 2) les rapports isotopiques du carbone de Au. afarensis sont similaires à ceux des premiers Paranthropus Broom, 1938 dans l’Omo; et 3) Au. afarensis montre une étape précoce d’une tendance masticatoire qui atteint sa quintessence chez P. boisei, ce qui rend raisonnable l’hypothèse selon laquelle ces taxons aient subi des pressions sélectives similaires en ce qui concerne leur régime alimentaire. Dans cet article, nous discutons de l’écologie alimentaire d’Au. afarensis à la lumière des leçons tirées de son descendant hautement dérivé et énigmatique P. boisei.
Australopithecus afarensis, régime alimentaire, micro-usure dentaire, isotope de carbone, paléoécologie des hominines