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La percussion lancée dans l’Aurignacien ancien du Bergeracois : quelques exemples issus des sites de Barbas III, Vieux Coutets, Les Garris et Cantalouette II (Dordogne, France)

Iluminada ORTEGA, Joseba RIOS-GARAIZAR & Laurence BOURGUIGNON

fr Comptes Rendus Palevol 21 (18) - Pages 363-389

Publié le 10 mai 2022

Cet article est tiré de la thématique La percussion lancée au Paléolithique : identification de son usage, types d’outils associés et étendue chronologique

Afin d’illustrer la percussion lancée à l’Aurignacien ancien, nous avons sélectionné, dans cette étude préliminaire, quatre sites parmi les 15 que compte le territoire Bergeracois dans le Sud-Ouest de la France. L’occupation de ce territoire, très riche en silex de bonne qualité et présentant des nodules de morphologies et dimensions parfois imposantes, montre une certaine complémentarité fonctionnelle entre les différentes occupations aurignaciennes, depuis la halte spécialisée jusqu’à l’habitat. Outre des spécificités technologiques, telles que l’obtention de lames de grandes dimensions (supérieures à 20 cm) ou la coexistence de schémas lamellaires courbes et droits, cet Aurignacien ancien illustre également quelques comportements symboliques remarquables dans l’ornement corporel et l’expression artistique. L’outillage utilisé en percussion lancée tient dans ces occupations un rôle plus ou moins effacé, mais diversifié et toujours présent. Trois grandes classes d’outils ont été reconnues : les outils percutants contondants, les outils percutants tranchants et des outils contondants linéaires (forme que l’on pourrait juger d’intermédiaire entre les deux autres). Chacun de ces groupes s’oriente vers des usages complémentaires au sein des activités pratiquées dans ces occupations. Le premier, les outils contondants, regroupent plusieurs gammes de percuteurs qui interviennent, selon leurs caractéristiques physiques et mécaniques, dans des séquences opératoires de taille spécifiques d’aménagement initial des blocs, ou de réaménagement des structures volumétriques des nucléus. Sur certaines matrices, des traces indirectes de leur utilisation sont perceptibles (encoches de grattoirs carénés). Le second regroupe une gamme d’outils tranchants issus de la production laminaire (préforme, éclats de mise en forme, lame de plein débitage), dont la structure morpho-fonctionnelle des parties actives et préhensives naturelles, ou confectionnées, améliore une ergonomie essentiellement fondée sur la masse. Cette ergonomie, en association à la cinétique de percussion lancée, confère à l’outil toute son efficacité et en particulier sur des matériaux moyens et durs organiques. Enfin, le troisième est représenté par une pièce avec des zones actives de percussion linéaires contondantes, conformées par une arête formant un dièdre ouvert compris entre 85 et 115°. La gestuelle de cet outil semble différente, petits coups répétitifs assimilables à ceux utilisés par des outils de broyage, pilage ou concassage, et laissant supposer l’existence d’un second élément de type enclume. Ces outils étant très souvent associés à la transformation de végétaux. Cette panoplie d’outils percutants diversifiés vient complémenter les activités perçues sur l’outillage utilisé en percussion posée qui illustre, là encore, une diversité importante depuis l’acquisition jusqu’à la transformation de matériau périssable organique (végétal et animal) et qui concourent à démontrer que les occupations aurignaciennes du Bergeracois sont bien plus complexes dans leur mode de fonctionnement que de simple ateliers de taille.


Mots-clés :

Outils, percussion lancée, Aurignacien ancien, Dordogne, France

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