Indépendamment des nombreux concepts d’espèces élaborés, biologistes et paléontologues peuvent, pour étudier aussi bien les diversités biologiques présentes et passées que l’évolution des espèces, employer un même concept qui permet d’appréhender la multiplicité des formes offertes par les êtres vivants. Mais le développement présent de leurs disciplines apporte un éclairage réciproque, longtemps inaccessible, des images morphologique (ressemblance, différence, variabilité) et génétique (liens de parenté et d’interfécondité) de l’espèce. Cela a permis de relier les observations qui relèvent les unes du « temps court » de la biologie et de l’écologie et les autres du « temps long » de la géologie. Mais, l’essor récent de l’étude du développement ouvre l’accès aux modalités du changement morphologique qui souligne, aux côtés de la multiplication des espèces, l’autre trait de l’évolution, la descendance avec modification. Plusieurs exemples pris au sein de l’ordre des rongeurs (Rodentia, Mammalia) illustreront cette situation, en abordant successivement la question de la reconnaissance des espèces, puis celle, corrélative, de la mesure des paléobiodiversités, avant d’envisager l’interprétation de l’image de l’évolution tirée de l’enregistrement paléontologique qui résulte du travail des paléontologues.
Espèce, Lignée, Macroévolution, Rongeurs