L'observation ethnographique des pratiques cynégétiques modernes permet de distinguer en Europe deux aires culturelles de chasse : celle de " la chasse-récolte " et celle de " la chasse-cueillette ". Quelle que soit, toutefois, l'éthique retenue, tous les chasseurs témoignent, une fois le gibier sylvicole abattu, d'une même attention portée au trophée. Les sources historiques, voire archéologiques, permettent en outre de mesurer l'ancienneté de ce culte du trophée. Pour en comprendre la nature, il convient, au-delà de la fonction sociale dévolue à la possession du trophée, de saisir la chaîne d'idées qui associe l'os/trophée à la semence vitale. Une vision de l'ordre du Sauvage se dévoile, pensée symbolique qui fait de la chasse aux animaux à cornes le moyen pour l'homme d'acquérir une part du flux sauvage circulant dans l'espace de la forêt. À travers l'étude du culte du trophée doit en définitive se poser la question de l'existence, dans les croyances collectives européennes, d'un substrat permettant d'associer la chasse et le chamanisme.