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Doing the “dirty work”: how hunters were enlisted in sanitary rituals and wild boars destruction to fight Belgium’s ASF (African Swine Fever) outbreak

Pauline EMOND, Charlotte BRÉDA & Dorothée DENAYER

en Anthropozoologica 56 (6) - Pages 87-104

Publié le 23 avril 2021

Cet article est tiré de la thématique Les suidés en contexte rituel à l’époque contemporaine

Faire le « sale boulot » : comment les chasseurs ont été enrôlés dans des rituels sanitaires et la destruction des sangliers pour lutter contre une épizootie de PPA (Peste porcine africaine) en Belgique

Au début de l’automne 2018, un virus aussi contagieux que mortel s’invite sur le territoire belge, transporté par des sangliers (Sus scrofa Linnaeus, 1758) avec la probable complicité des humains. La peste porcine africaine, qui ne touche que les suidés, se répand rapidement dans les forêts gaumaises. Le sanglier, dont la trajectoire bifurque peu à peu d’emblème provincial à symbole des dérives de la chasse du fait de sa surdensité sur tout le territoire, se retrouve abruptement propulsé en menace sanitaire à abattre. Il peut contaminer son cousin domestique, le cochon d’élevage (Sus domesticus Erxleben, 1777), et par conséquent, si le virus venait à se disperser, mettre à mal le fragile secteur de l’élevage porcin belge concentré au nord du pays. C’est le début d’une crise qui va durer plus de 24 mois ; la forêt infectée est délimitée par zones puis confinée dans le but d’être nettoyée. Les mots d’ordre deviennent « biosécurité » et « vide sanitaire ». Des mesures de destruction massive des sangliers sont imposées par l’administration et ses experts via des nouveaux rituels dits « sanitaires ». Pour atteindre un rapide retour à la normale, des chasseurs, pour la plupart locaux, sont enrôlés au nom de leurs compétences cynégétiques, considérées ici comme indispensables. Pourtant, depuis longtemps, elles sont contestées par les autres acteurs de la gestion de l’environnement, tout comme par une partie de la société et des médias. Cet événement nous engage à explorer les pratiques cynégétiques auxquelles les acteurs sont attachés mais doivent renoncer au nom de la « bonne » gestion de cette crise. Les récits des protagonistes de terrain témoignent du malaise face au « sale boulot » qui leur est demandé, tandis que le bouleversement des coexistences révèle des questions éthiques, coutumières et identitaires déjà sous-jacentes avant la crise.


Mots-clés :

Crise sanitaire, chasse, abattage, biosécurité.

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