Le renouvellement des techniques archéozoologiques et l'accroissement des données permettent de réviser et de préciser les hypothèses faites jusqu'à présent sur les élevages de caprinés néolithiques du sud-est de la France. Le travail s'appuie sur une lecture nouvelle de douze profils d'abattage issus de grottes-bergeries et de quinze profils issus de sites de plein air, pris en compte sur toute la durée du Néolithique, soit trois millénaires et demi. Il propose en outre une nouvelle méthode de détermination de la saison d'abattage fondée sur les mesures de la hauteur vestibulaire de l'émail des quatrièmes déciduales inférieures. Les profils d'abattage montrent que les grottes et les sites de plein air avaient des fonctionnalités pastorales très différentes, que ces fonctions se sont perpétrées tout au long du Néolithique, et que les différences se sont accentuées au Néolithique récent-final, témoignage de la complexification des systèmes techno-économiques. Les classes de hauteur dentaire mettent en évidence trois périodes saisonnières d'abattage par an pour les jeunes caprinés entre leur naissance et deux ans et permettent de discuter les modalités d'occupation des sites (sites permanents, sites d'estive). La complémentarité entre les sites de plein air, consommateurs, et les grottes-bergeries, producteurs, la mise en évidence de sites d'estive, les pratiques d'allotement et la saisonnalité des abattages évoquent l'existence, dès la fin Néolithique ancien, de véritables terroirs et permettent d'émettre des hypothèses sur la mobilité et sur la structure sociale des éleveurs néolithiques.
Sud-est de la France, Néolithique, pastoralisme, bergeries, saisonnalité, archéozoologie.