Cet article examine le rôle de la chasse dans les sociétés préhistoriques agro-pastorales de l'Europe du Nord et s'intéresse à la place des produits de cette activité dans le commerce et les échanges, du Néolithique à l'Âge du Fer. De récentes données ethnographiques suggèrent que la chasse et la collecte ont continué à jouer un rôle important dans l'approvisionnement de ces sociétés : (1) pour se prémunir contre les aléas de la production, (2) pour des raisons socio-idéologiques, (3) dans les sociétés les plus avancées, pour répondre aux besoins en fourrures ou autres produits issus d'animaux sauvages, ou encore pour ces trois raisons réunies. Le transfert des produits des chasses et collectes réalisées dans ces conditions a sans doute mis en jeu des mécanismes de réciprocité et de redistribution. En se fondant sur une recension des observations ethnographiques, l'auteur propose un modèle pour l'utilisation des ressources sauvages par les éleveurs-agriculteurs, depuis le Néolithique. Il suggère les moyens de reconnaître le fonctionnement de ce modèle dans les assemblages fauniques préhistoriques, au même titre que les autres éléments de la culture matérielle. Le modèle est ensuite examiné au regard des données archéologiques du Néolithique, de l'Age du Bronze et de l'Age du Fer, sur la côte orientale de la Baltique, en Finlande et en Scandinavie. L'auteur conclut que les grandes lignes de l'utilisation des ressources sauvages sont en accord avec le modèle, mais qu'il existe des variations imprévisibles en ce qui concerne la succession chronologique des différentes stratégies. Bien qu'utile à la compréhension de l'utilisation des ressources sauvages dans les sociétés agro-pastorales, le modèle nécessite une application plus détaillée, qui devra prendre en comte les particularismes régionaux et les facteurs taphonomiques.
Chasse et collecte, Agriculture et pastoralisme, Europe du Nord, Ressources naturelles, Commerce et échanges.