Après un peu plus de dix années au poste de rédacteur en chef, je tiens à remercier très chaleureusement les auteurs et rapporteurs dans la conception, proposition et révision des manuscrits, ainsi que tous mes collaborateurs des Publications scientifiques du Muséum pour la mise en forme définitive des articles laquelle – au-delà de simples problèmes de syntaxe et de typographie – implique une attention particulière quant à leur cohérence logique et à leur référencement. Le changement de format mis en œuvre depuis le précédent fascicule permet déjà de proposer une meilleure disposition des textes et de valoriser les illustrations, tant les planches au trait, que les clichés couleurs, ceux-ci souvent réalisés sur le terrain dans des conditions sans cesse améliorées.
Les études publiées dans Adansonia se sont encore diversifiées, abordant plus volontiers les flores non tropicales et les problèmes de conservation, parfois aussi poursuivant la tradition de l’analyse de collections historiques, spécialement pré-linnéennes, bien présente dans nos colonnes il y encore 40 ans, mais un peu délaissée depuis. Cependant, l’alpha-taxonomie demeure le socle de tous ces articles et l’origine d’avancées importantes, pour peu qu’elle soit conçue comme un outil nécessaire – mais pas suffisant – à la mise en ordre d’informations issues d’autres sources naturalistes (géologie, pédologie, pollinisation, dispersion, zoologie, éthologie, etc.), sans pour autant mettre immédiatement en action des techniques très élaborées, notamment en traitement des données.
C’est ce qu’illustre avec éclat la contribution de Doug Daly, Jeannie Raharimampionona et Sarah Federman sur le genre Canarium L. (Burseraceae) à Madagascar, que nous avons l’honneur de publier dans ce volume : se présentant comme une révision taxonomique de grande ampleur, mais de ton classique (données d’herbier confrontées aux observations de terrain), elle vise dès l’introduction à lier la spéciation à des contraintes environnementales précises (notamment quant à la dispersion), en parallèle avec la spéciation des lémuriens, enfin à en déduire des conséquences concrètes sur la définition des périmètres de conservation, prenant en compte l’existence de corridors entre les différentes réserves actuelles, c’est-à-dire de lieux de passage des flux géniques. Si la Grande Île peut être considérée comme un laboratoire de l’évolution à une échelle continentale, les problèmes biologiques qui s’y posent sont insoupçonnables et informulables sans taxonomie solide et sans collaboration étroite entre naturalistes.