The anatomy, phylogenetic relationships, and autecology of the carnivorous lizard “Saniwa” feisti Stritzke, 1983 from the Eocene of Messel, Germany

L’évolution et la phylogénie des squamates carnivores (mosasauriens, serpents, lézards monitor, monstres de Gila) font partie du contentieux qui règne dans la systématique des reptiles et sont au cœur du conflit entre données morphologiques et moléculaires, en éclairant l’histoire évolutive de ce groupe. L’un des fossiles les mieux conservés de ce groupement composite est “Sawina” feisti Stritzke, 1983, représenté par des squelettes complets dans l’Eocène inférieur et moyen de Messel, en Allemagne. Nous le redécrivons sur la base d’un examen superficiel, de la stéréoradiographie et de la tomodensitométrie X haute résolution. Son type d’écailles est unique, consistant en de petites écailles carénées sur la tête (incluant une rangée de supraorbitales médianes élargies) et en de larges écailles carénées rhomboïdales (investies par des ostéodermes) qui recouvrent le reste du corps. Deux paires de rangées longitudinales d’écailles élargies descendent le long du cou. La tête est compressée latéralement et en forme de boîte, en raison de la présence d’une crête canthale-temporale ; les membres et la queue sont très longs. Des traits ostéologiques notables consistent en un vomer denté en forme de sangle ; un manchon lacrimal et un foramen lacrimal unique ; un processus ­cultriforme bien développé du parabasisphénoïde ; deux foramens hypoglossaux (XII) en plus du vagus ; une absence de trous de résorption pour les dents de remplacement ; et la présence possible de plus d’une vague de développement de dents de remplacement per locus. Il n’y a pas de modifications osétéologiques suggérant une charnière intra-mandibulaire, mais un déplacement post mortem du complexe angulaire-­préarticulaire-surangulaire chez de nombreux specimens suggère qu’il pourrait y avoir eu un certain degré de mobilité de la mâchoire inférieure, sur la base de modifications du tissu mou. En utilisant des analyses phylogénétiques sur une base de données comportant 473 ­caractères morphologiques et 46 locus DNA, nous déduisons qu’un Palaeovaranidae Georgalis, 2017 monophylétique, incluant Eosawina ­Haubold, 1977, existe sur la tige des Varanidae Merrem, 1820 à la base de nombreux taxons crétacés mongoliens. Nous transférons feisti dans le nouveau genre Paranecrosaurus n. gen. L’analyse de contenus de l’intestin révèle seulement le second spécimen connu du lézard cryptozoïque, Crypto­laceria hassiaca Müller, Hipsley, Head, Kardjilov, Hilger, Wuttke & Reisz, 2011, confirmant une alimentation au moins partiellement carnivore ; la préservation des dents de C. hassiaca suggère que la physiologie gastrique de Paranecrosaurus feisti (Stritzke, 1983) n. comb. ait eu une forte ­acidité, mais une faible activité enzymatique. En nous fondant sur la forme des dents et sur une analyse discriminante linéaire, nous reconstituons P. feisti n. comb. comme étant un lézard monitor puissant, largment errant, de souche faunivore-carnivore et à museau sensible. Si la phylogénie moléculaire des angimorphes est correcte, de nombreux ­caractères partagés par les Helodermatidae Gray, 1837 et les Varanidae doivent être apparus de manière convergente, en partie associés à l’alimentation. Dans ce cas, une réconciliation entre données morphologiques et données moléculaires devrait requérir la découverte de fossiles également primitifs sur la tige des Helmodermatidae.