Deux sous-espèces sont reconnues chez l’abeille cardeuse de laine du Paléarctique occidental Anthidium dalmaticum Mocsáry, 1884 : la sous-espèce nominale, largement répandue depuis les côtes nord de la mer Adriatique jusqu’aux zones côtières de la mer Caspienne, et A. d. syriacum Pérez, 1912, qui a parfois également été considérée comme une espèce distincte et que l’on observe dans le sud du Caucase, dans la région du Levant et en Iran. Ces deux taxons se distinguent principalement par des différences de coloration. Dans une approche de barcoding génétique basée sur la séquence du gène de la sous-unité 1 (COI) du cytochrome c oxydase mitochondrial, nous n’avons pas pu différencier ces deux taxons. De plus, une analyse statistique multivariée de neuf mesures corporelles n’a révélé aucune différence morphométrique significative entre ces deux groupes. Cependant, une analyse du réseau d’haplotypes a révélé qu’A. dalmaticum comprend trois lignées évolutives distinctes. L’une de ces lignées est la lignée eurasienne qui couvre la majeure partie de l’aire de répartition et comprend des membres des deux sous-espèces. Les deux autres lignées se trouvent en Iran et au Levant, représentant deux voies évolutives indépendantes. La plupart des individus de ces lignées sont affectés à la sous-espèce syriacum. Notamment, ces deux lignées présentent une divergence génétique importante, chacune étant plus étroitement liée à la lignée eurasienne qu’entre elles. Sur la base de ces résultats, il est conclu que l’expansion d’A. dalmaticum dans le territoire iranien et dans le Levant sont deux processus indépendants qui ont pu survenir dans des phases différentes des oscillations climatiques entre les glaciations et les cycles chauds. Les différences de couleur observées entre les sous-espèces peuvent être considérées comme une adaptation convergente, éventuellement déclenchée par des facteurs tels que l’adaptation à des conditions environnementales similaires. Étant donné que, d’une part, les lignées génétiques ne sont pas étayées par des caractères phénotypiques et que, d’autre part, les formes colorées ne sont pas corroborées par des données génétiques, la classification de ces formes en tant d’entités taxonomiques distinctes n’est pas supportée par des données suffisantes. Il est proposé de traiter A. dalmaticum ssp. syriacum comme un synonyme de l’Anthidium dalmaticum.
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