Le genre Collarina Jullien, 1886 (Cribrilinidae Hincks, 1879) n’était connu de la région atlanto-méditerranéenne que par deux espèces, C. balzaci (Audouin, 1826), synonyme de Collarina cribrosa Jullien, 1886, espèce type du genre, considérée comme largement distribuée depuis le nord des îles britanniques jusqu’au SE de la Méditerranée, et C. fayalensis Harmelin, 1978 des îles macaronésiennes. Un abondant matériel collecté en Méditerranée et en Atlantique NE, couplé avec l’examen de spécimens de muséums, a permis une meilleure discrimination des espèces par leurs caractères morphologiques et la caractérisation de certains traits génériques (formation de l’ooécium, aviculaires avec cystides emboités). En plus de la redescription de C. balzaci et de C. fayalensis, cette étude a conduit à la description de quatre nouvelles espèces : C. denticulata Harmelin, n. sp., seulement récoltée en Méditerranée, C. gautieri Harmelin, n. sp., présente à la fois en Atlantique NE et en Méditerranée, C. macaronensis Harmelin, n. sp., de Madère, des Açores et de Galice, C. speluncola Harmelin, n. sp., de Méditerranée et du golfe de Cadix. Le statut spécifique d’un septième morphotype, Collarina sp., de Méditerranée, apparemment proche de C. speluncola Harmelin, n. sp., n’a pas été précisé dans l’attente d’un matériel plus abondant. Il a été établi que C. balzaci : 1) a été souvent confondue avec C. gautieri Harmelin, n. sp. ; 2) est exclusivement épiphyte (principalement sur Posidonia oceanica (L.) Delile, 1813 et des algues brunes) avec un cycle de vie adapté à ces substrats éphémères ; 3) est largement distribuée en Méditerranée mais aussi présente aux Canaries sur des algues, un habitat où sa présence dans d’autres sites tempérés chauds de l’Atlantique NE est probable ; et 4) est capable de proliférer de manière spectaculaire sur les feuilles de posidonies en association avec des diatomées dans des conditions environnementales inhabituelles (golfe de Gabès, perturbations chimiques). Toutes les espèces de Collarina vivent en zone côtière, principalement à faible profondeur dans des microhabitats ombragés : plantes (C. balzaci), parois de grotte obscure (C. speluncola Harmelin, n. sp.) et petits substrats durs, e.g. coquilles, cailloux et débris d’origine anthropique (toutes les autres espèces).