Une population de gastéropodes aquatiques du genre Bythinella, ne correspondant à aucune espèce décrite, a été découverte dans une rivière souterraine dans le sud de la France (la grotte de la Folatière). Les individus de cette population sont dépigmentés et anophtalmes, suggérant une adaptation à l’environnement souterrain. Les séquences du gène mitochondrial COI ont révélé deux lignées au sein de cette population, avec une divergence génétique supérieure à la moyenne de variabilité interspécifique communément admise pour les hydrobies. Toutefois, une phylogénie sur la base du gène nucléaire ITS1 regroupe tous les individus séquencés dans le même clade. De plus, les analyses multivariées réalisées sur les paramètres morphologiques de la coquille n’ont pas permis de discriminer ces deux lignées mitochondriales. La forte variabilité du gène COI au sein de la même population et le conflit entre les arbres de l’ADN mitochondrial et nucléaire pourraient s’expliquer par un scénario d’introgression par hybridation.En conséquence, en nous appuyant sur la phylogénie du gène nucléaire, les caractères anatomiques et morphologiques de la coquille et les particularités écologiques, nous posons l’hypothèse que ce morphe facilement reconnaissable peut être attribué à une espèce nouvelle – décrite ci-après et nommée Bythinella navacellensis n. sp. Notre échantillonnage intensif suggère que B. navacellensis n. sp. est limitée à une petite zone cohésive des causses du Larzac méridional et de Blandas, couvrant environ 300 km². En raison de sa distribution restreinte à quelques aquifères souterrains, B. navacellensis n. sp. peut être catégorisée comme vulnérable VU D2.
Mollusca, Gastropoda, Bythinella, taxonomie moléculaire, France, introgression par hybridation, stygobie, milieu souterrain, liste rouge UICN, espèce nouvelle.