
Les indicateurs de biodiversité sont des mesures, généralement quantitatives, utilisées pour synthétiser, illustrer et communiquer de manière simple des phénomènes complexes relatifs à la biodiversité. Cet article réfléchit aux critères d’utilisabilité des indicateurs de biodiversité, l’utilisabilité étant entendue comme l’évaluation par les acteurs de leur potentiel à être pris en compte dans les processus de décision publique et de gestion, à partir du cas d’un indicateur de biodiversité forestière, les dendromicrohabitats. Il applique à ce cas d’étude un cadre d’analyse de l’utilisabilité aujourd’hui classique, dans un double objectif : comprendre l’utilisabilité de cet indicateur et discuter les critères retenus par ce cadre d’analyse pour en rendre compte. Nous nous appuyons sur une enquête qualitative auprès de chercheurs qui ont contribué à la construction de l’indicateur dendromicrohabitats, de gestionnaires et de décideurs qui l’utilisent. Nous montrons que les critères d’utilisabilité mobilisés dans ce cadre d’analyse – la crédibilité, la pertinence, la légitimité et la faisabilité – interviennent effectivement dans l’utilisabilité des dendromicrohabitats, mais ne couvrent pas tous les éléments mentionnés par nos informateurs. Nous proposons de compléter le cadre d’analyse de l’utilisabilité de deux manières : premièrement, en étendant le critère de légitimité aux dimensions renvoyant à la légitimité substantielle de l’indicateur ; deuxièmement, en prenant en compte les dimensions sensibles, esthétiques et morales de l’indicateur, apparues comme un élément central de sa faisabilité pour nos informateurs. Notre travail conduit ainsi à défendre une approche de l’utilisabilité des indicateurs de biodiversité attentive à leurs dimensions sensibles, esthétiques et éthiques. Il suggère également que l’utilisabilité d’un indicateur n’est pas absolue mais relative et s’inscrit dans un système dynamique d’indicateurs.
Forêt, interface science-société, crédibilité, pertinence, légitimité, faisabilité