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Étude diachronique de l’impact des Goélands leucophées (Larus michahellis Naumann, 1840) sur le sol et la flore des îles de Marseille : quels constats après la diminution de leurs effectifs ?

Clémentine MUTILLOD, Teddy BAUMBERGER, Arne SAATKAMP, Pascale PRUDENT, Éric VIDAL, Candy BELLON, Olivier FERREIRA, Lorraine ANSELME, Muriel CHEVRIER, Lidwine LE MIRE-PECHEUX, Daniel PAVON, Thierry TATONI, Frédéric MÉDAIL & Laurence AFFRE

fr Naturae 2025 (2) - Pages 15-30

Publié le 19 février 2025

Les colonies d’oiseaux marins nicheurs impactent la physico-chimie des sols ainsi que les communautés végétales sur les îles. Ces écosystèmes insulaires sont caractérisés par des plantes endémiques adaptées aux conditions stressantes (xéricité, salinité, sol superficiel, vent). Plusieurs études ont permis d’évaluer les effets de l’augmentation démographique d’oiseaux marins, mais peu ont réalisé un suivi sur le long terme en prenant en compte leur déclin après explosion démographique. L’objectif de la présente étude (sur 24 ans) a consisté à mesurer les changements physico-chimiques des sols, de la composition des communautés végétales en relation avec la diminution démographique des Goélands leucophées (Larus michahellis Naumann, 1840) sur les archipels insulaires du Frioul et de Riou (Marseille, France). Les enjeux conservatoires de ce contexte insulaire ont été analysés en caractérisant les types fonctionnels des plantes (formes de croissance de Raunkiaer et stratégies de vie de Grime) et en étudiant la variation des plantes à enjeu de conservation, puisque l’apport de nutriments et de polluants, tels que les éléments traces métalliques, via les goélands peut entraîner leur disparition. Pour cela, des analyses de sol (en 1997 et 2021) ainsi que des relevés floristiques (en 1997, 2008 et 2021) ont été réalisés sur 78 placettes permanentes situées sur neuf îles et sur le littoral continental du Parc national des Calanques. Depuis 1997, les teneurs en nitrogène et le pH ont augmenté, alors que le carbone organique ainsi que le rapport C/N ont diminué. En 2021, les mesures des concentrations en éléments traces révèlent des niveaux de contamination relativement faibles sur le continent et les archipels. De 2008 à 2021, les communautés végétales des îles ont été caractérisées par une augmentation du nombre de plantes rudérales. Le déclin des effectifs de Goélands leucophées n’a pas engendré de diminution des plantes tolérantes aux perturbations ni d’augmentation très significative de la flore à enjeu de conservation, mais a entraîné une augmentation des chamaephytes et du recouvrement total de la strate herbacée. Nos résultats suggèrent donc une rémanence des altérations des paramètres des sols ainsi que des communautés végétales toujours rudéralisées. Cependant, une résilience s’opère en termes de recouvrement de la strate herbacée lorsque la pression des goélands diminue.


Mots-clés :

Suivi diachronique, oiseaux marins, éléments traces métalliques, communautés végétales, histoire de l’usage des terres.

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