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Quelle est la véritable surface du domaine vital des Tortues d’Hermann (Testudo hermanni Gmelin, 1789) ? Implications pour la conservation

Jean-Marie BALLOUARD, Simon DELEUZE, Laura ANDREO, Fabien ROZEC, Nicolas THOMAS, Périne LAFFARGUE, Magalie AFERIAT, Xavier BONNET, Antoine CATARD & Sébastien CARON

fr Naturae 2020 (6) - Pages 101-111

Publié le 09 septembre 2020

L’estimation précise de la taille des domaines vitaux (DV) qu’occupent les individus d’une espèce est cruciale pour les gestionnaires. Elle permet de mieux définir la taille minimale des sites à protéger et de limiter la fragmentation des populations. Grâce à des suivis par radio-tracking menés sur l’ensemble de la saison d’activité, les domaines vitaux annuels de 165 Tortues d’Hermann (Testudo hermanni Gmelin, 1789) provenant de neuf sous-populations de France continentale ont été obtenus par la méthode des polygones convexes minimum (MCP). Les grands domaines vitaux mesurés sur plusieurs populations contrastent avec les données précédemment publiées sur le sujet. Notre étude montre que le DV d’une Tortue d’Hermann occupe environ neuf hectares (valeur médiane 5,2 ha) alors que la valeur moyenne de référence pour les populations françaises n’est que de deux hectares. Cette différence s’explique par les petites tailles d’échantillons obtenus sur de courtes périodes des études précédentes. Les suivis intensifs menés pendant 10 ans fournissent une vision plus réaliste de la taille des domaines vitaux. En accord avec la littérature, une grande variabilité interindividuelle se traduit par des valeurs extrêmes, éloignées des DV (0,6 ha à 95,0 ha). Globalement, la taille des DV augmente au printemps lorsque l’activité des individus est la plus importante et se stabilise pendant la saison estivale, voire en automne. Il est essentiel que l’établissement de zones de protection et de corridors prenne en compte ces nouvelles données, tout particulièrement les valeurs maximales (>15 ha). Seules les populations suffisamment grandes occupant des habitats diversifiés pourront s’adapter aux changements globaux et aux changements climatiques notamment. Protéger de grandes surfaces si possible connectées par des infrastructures dédiées (e.g. passages sous les routes) est une condition pour avoir une diversité génétique importante et une diversité de micro-habitats suffisante.
 

Mots-clés :

Milieu méditerranéen, Reptile, radio-tracking, polygone convexe minimum, aire de protection.

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