Les herbiers amphibies vivaces et, plus particulièrement, ceux à affinités boréomontagnardes sont des communautés végétales très spécialisées des plans d’eau circumboréaux froids et oligotrophes. Ils sont caractérisés notamment dans les lacs montagnards du Massif vosgien (France) par la présence de deux espèces d’Isoètes (Isoetes lacustris L., I. echinospora Durieu) et de la Subulaire aquatique (Subularia aquatica L.). Ces habitats sont aujourd’hui relictuels et menacés dans les lacs des Vosges. Subularia aquatica n’y a plus été observé depuis 1990 et la majorité des stations historiques des deux Isoètes ont disparu au cours des cinq dernières décennies, même si l’état de conservation d’Isoetes lacustris s’est restauré dans le lac de Gérardmer au cours de la dernière décennie et que celui d’I. echinospora est actuellement encourageant dans celui de Longemer. Ces habitats d’intérêt communautaire et ces espèces protégées représentent un enjeu majeur en termes de connaissance et de sauvegarde de la biodiversité pour la région Grand Est et pour l’Union européenne. Il y a donc urgence à préciser leur répartition, leur fonctionnement, leur écologie, leur état de conservation et les causes de leur forte régression afin de pouvoir planifier leur conservation et le cas échéant leur restauration. Cet article tente de faire le point sur les connaissances acquises depuis plus d’un siècle sur ces phytocénoses dans le Massif vosgien. Des expérimentations simples ont aussi permis de vérifier ou d’identifier une partie des chaînes de causalités et de rétroactions impliquées dans leur composition, leur structure et leur régression. Les deux espèces d’Isoètes qui survivent encore aujourd’hui dans ces communautés amphibies ont été plus particulièrement étudiées ici.
Plantes isoétoïdes, Vosges, végétation menacée, revégétalisation lacustre.