Le rôle majeur des peroxydases dans la dégradation de la biomasse végétale a été bien caractérisé chez les basidiomycètes provoquant des caries blanches. Au contraire, les peroxydases ne sont pas utilisées dans ce but chez les basidiomycètes provoquant des caries brunes qui à la place utilisent un mécanisme non-enzymatique. Concernant les ascomycètes, peu de choses sont connues sur le rôle des peroxydases, bien que ces champignons possèdent des gènes codant pour ces enzymes. Ici, nous identifions et caractérisons les gènes codant des peroxydases chez Podospora anserina (Rabenh.) Niessl, un ascomycète utilisé comme modèle pour étudier le développement et la dégradation de la biomasse végétale. Cette espèce possède une peroxydase de classe II, une peroxydase « hybrid B », une haloperoxydase, quatre péroxygenases d’aromatiques fonctionnelles, une peroxydase du glutathion, une peroxydase du cytochrome C et une peroxydase d’alkyl, mais ne possède pas de peroxydase de la famille « dye ». Nous montrons que les gènes de peroxydases potentiellement secrétées (i.e., les peroxydases de classe II, « hybrid B », les haloperoxydases et les péroxygenases d’aromatiques) présentent une répartition non homogène chez les champignons, suggérant un rôle dans l’adaptation fine des champignons à leur niche écologique plutôt qu’un rôle fondamental dans la biologie fongique. De fait, les mutants de délétion des gènes de peroxydase ne présentent apparemment qu’un phénotype de modification de la cinétique de maturation des ascospores sur des concentrations intermédiaires d’acide vanillique. Néanmoins, la mesure directe de l’activité peroxydase dans les différents mutants ne montre pas de modification importante de celle-ci, suggérant des compensations entre les différents enzymes. L’ensemble des données suggère un rôle mineur des peroxydases dans la dégradation de la biomasse chez P. anserina, ce qui le rapproche plutôt des caries brunes.
Peroxydase, lignine, ascomycètes