À la différence de leurs parents modernes dans les familles Kogiidae et Physeteridae, qui se nourrissent en aspirant leurs proies, les physétéroïdés miocènes présentent un large éventail de stratégies d’alimentation. Malgré les améliorations continues du registre fossile, la transition des premiers cachalots aux formes se nourrissant par aspiration ainsi qu’aux formes macroraptoriales, autrefois importantes, reste mal comprise. Dans ce travail, nous étudions un crâne partiel de cachalot des couches du Miocène inférieur (Burdigalien) de la Formation Chilcatay, à l’est du bassin de Pisco, le long de la côte sud du Pérou. Sur base de ce spécimen, nous décrivons une nouvelle espèce dans le genre Diaphorocetus Ameghino, 1894, qui n’était auparavant connu que par l’holotype de Diaphorocetus poucheti (Moreno, 1892) provenant d’une unité approximativement synchrone en Patagonie (Argentine). Différant de cette dernière espèce par ses dimensions crâniennes plus petites, son nombre de dents plus élevé, et des différences mineures dans la position des foramens faciaux, la nouvelle espèce Diaphorocetus ortegai n. sp. confirme un caractère-clé de D. poucheti, l’aplatissement dorso-ventral marqué de la partie maxillaire du rostre. De telles proportions crâniennes suggèrent que, par rapport aux autres physétéroïdés, D. poucheti et D. ortegai n. sp. étaient plus efficaces pour effectuer des balayages latéraux rapides avec leur rostre, afin de capturer des proies de taille petite à moyenne avec leurs dents proportionnellement petites. Identifiées en tant que physétéroïdés souches dans notre analyse phylogénétique, ces espèces sœurs contribuent à la disparité écomorphologique des cachalots au début du Miocène, mais sans présenter aucun des changements crâniens et dentaires survenant chez les cachalots macroraptoriaux ou aspirant leurs proies. La description d’une nouvelle espèce de Diaphorocetus sur la côte sud du Pérou augmente les similitudes notées entre les faunes de cétacés à dents de la Formation Chilcatay locale et les formations Gaiman et Monte Leon de Patagonie, indiquant non seulement des voies de dispersion entre le sud-est du Pacifique et le sud-ouest de l’Atlantique au cours du Burdigalien, mais aussi des conditions écologiques relativement similaires le long des côtes du Pérou et de Patagonie à cette époque.
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