À quelques exceptions près, les odontocètes (cétacés à dents) actuels possèdent une dentition approximativement homodonte. Le passage de dents de type basilosauridé à racine double et munies de denticules accessoires à des dents coniques à racine simple s’est produit au cours de l’Oligocène supérieur-Miocène inférieur. À cette époque, plusieurs clades d’odontocètes homodontes et majoritairement longirostres apparaissent dans le registre fossile. Parmi ceux-ci, les espèces des genres Argyrocetus Lydekker, 1893 et Macrodelphinus Wilson, 1935, du Miocène inférieur du Pacifique Nord-Est et d’Argentine, ont été attribuées à titre d’essai à la famille Eurhinodelphinidae. Cependant, à cause de l’état fragmentaire des spécimens, aucune apomorphie non-ambigüe de la famille n’a pu être détectée. Sur base de deux crânes bien préservés, associés à des éléments de mandibule, découverts dans les couches du Miocène inférieur de la Formation Chilcatay (Bassin Pisco, Pérou), nous rendons compte d’un nouveau genre et d’une nouvelle espèce d’odontocète longirostre et homodonte, Chilcacetus cavirhinus n. gen., n. sp. Caractérisé entre autres par la présence d’alvéoles dans la partie prémaxillaire du rostre, l’absence d’un sillon latéral sur le rostre, des nasaux élevés antérodorsalement, une cavité entre nasaux et mésethmoïde sur la paroi latérale des narines osseuses (peut-être autapomorphique), une fosse temporale élevée, et l’absence d’ankylose de la symphyse mandibulaire, C. cavirhinus n. gen., n. sp. ne rentre dans aucune des familles connues d’odontocètes mais partage plusieurs traits morphologiques avec Argyrocetus spp. et Macrodelphinus. Notre analyse phylogénétique, appliquant 77 caractères à 35 taxons d’odontocètes, suggère l’existence d’un clade de dauphins longirostres homodontes dans le Pacifique Est (avec un membre hypothétique dans l’Atlantique Sud, le mal connu Argyrocetus patagonicus Lydekker, 1893), bien distinct des superficiellement similaires éoplatanistidés et eurhinodelphinidés. De plus, l’arbre de consensus indique le branchement précoce du nouveau clade par rapport aux autres lignées d’odontocètes homodontes. Malheureusement, les résultats de l’analyse cladistique sont relativement faiblement soutenus; une réévaluation des genres Argyrocetus et Macrodelphinus est nécessaire pour mieux définir ce nouveau clade et le positionner de façon plus robuste dans un cadre phylogénétique.
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