La remise en état de la falunière de Grignon a permis de lever, pour la première fois, une coupe presque complète du Lutétien moyen du Bassin de Paris sous son faciès meuble. À cette occasion, des études sédimentologiques et paléontologiques ont été engagées ; les résultats des études sur les ostracodes sont présentés ici. Huit échantillons ont été analysés, plus de 6000 valves ou carapaces ont été recueillies et 87 espèces ont été distinguées dont une vingtaine laissées en nomenclature ouverte. Trois nouvelles espèces sont décrites : Paracypris keiji n. sp., Neocytherideis labyrinthoidea n. sp. et Grinioneis pachycosta n. sp. La répartition verticale des ostracodes dans les faluns de Grignon semble sans signification stratigraphique. Par contre, les associations d’ostracodes du Lutétien sont caractéristiques, aussi bien par rapport à celles de l’Yprésien que par rapport à celles de l’Auversien ou du Bartonien. Au point de vue environnemental, la diversification spécifique reflète celle des niches écologiques et la richesse en individus témoigne de l’abondance de la nourriture. Les ostracodes indiquent que la mer du Lutétien était peu profonde (de quelques décimètres à quelques mètres, probablement) et que ses eaux étaient bien éclairées, peu agitées et chaudes, au moins en été. La température estivale de l’eau était au moins égale à celle de la Méditerranée actuelle. Au point de vue paléogéographique, la parenté entre les faunes galliques (bassins de Londres, du Hampshire, de Bruxelles et de Paris) paraît beaucoup plus étroite qu’entre n’importe lesquelles de ces faunes galliques et celles du bassin d’Aquitaine. Ainsi, la majorité des espèces du Lutétien anglais sont connues dans celui du Bassin de Paris alors que la proportion des espèces communes au Bassin de Paris et au bassin nord-aquitain est faible.
Ostracodes, Éocène, Lutétien, Bassin de Paris, systématique, stratigraphie, paléoécologie, espèces nouvelles