Le comportement alimentaire et la compétition pour les ressources sont étudiés pour Andegameryx Ginsburg, 1971 et Procervulus Gaudry, 1877, deux petits ruminants représentatifs de deux stades successifs de diversification des Pecora. Les méthodologies de micro- et méso-usure dentaires ont été utilisées pour la reconstitution des préférences alimentaires. Les données obtenues pour les peuplements des bassins montagneux de la chaîne Ibérique (centre-est de l’Espagne) pendant le Miocène inférieur (MN3), indiquent que les deux ruminants peuvent être considérés comme mangeurs mixtes, quoiqu’il y ait des différences entre les traits de leur usure dentaire. De plus, les taxons espagnols étudiés ont des régimes alimentaires moins abrasifs que leurs parents des autres localités du même âge en Europe. Ce fait remet en question l’hypothèse évolutive selon laquelle les premiers pécores auraient été des brouteurs sélectifs de plantes ligneuses (feuilles, bourgeons et fruits). En revanche, ces données appuient clairement l’idée proposée récemment selon laquelle quelques lignées de Pecora pouvaient originalement être mangeurs potentiels mixtes. Ils prélèveraient ainsi tous les types d’espèces végétales qu’ils auraient à leur disposition : la plus ou moins grande consommation de plantes ligneuses et de plantes herbacées dépendrait donc de leur disponibilité dans l’environnement où ils vivaient et non seulement de leurs préférences alimentaires. D’autre part, les derniers Andegameryx et les premiers Procervulus échapperaient à la concurrence grâce à leur différence de taille : puisque tous les deux mangeraient à des hauteurs différentes, leur régime alimentaire ne serait pas exactement le même. Ainsi, la différence de taille et un certain degré d’opportunisme alimentaire pourraient bien être des facteurs nécessaires à la coexistence de ces deux ruminants sur un même territoire.
Ruminantia, Andegameryx, Procervulus, micro-usure, méso-usure, paléoalimentation, paléoécologie