On présente à nouveau des anomalies dentaires observées chez un requin tigre actuel, Galeocerdo cuvier, et chez des Carcharoides totuserratus, en plus de quelques cas observés récemment. Des comparaisons ont été faites avec des cas d’anomalies dentaires chez des requins, fossiles et actuels. On décrit un ensemble constitué par deux dents coalescentes de Squalicorax pristodontus. La forme gibbeuse de la couronne est très semblable à celle de S. kaupi, l’espèce précédente de la même lignée. Ceci suggère que l’espèce la plus dérivée, S. pristodontus, peut avoir résulté de kaupi par augmentation de la taille générale et de celle des mâchoires, devenues plus spacieuses et où les dents pourraient devenir plus larges mésio-distalement. Une dent anormale de Carcharocles megalodon est décrite. Il nous semble qu’il s’agit d’une dent mandibulaire latérale gauche, à couronne très déformée. Ses caractères suggèrent une situation traumatique due à un accident, probablement la morsure des os très compacts de l’une de ses proies les plus communes, les siréniens Halianassa. Le dernier cas concerne une dent anormale de Negaprion. Les différences les plus notables par rapport aux dents normales concernent la couronne, dont la forme est irrégulière. Elle présente, aussi bien que la racine, quelque torsion. On relève une échancrure bien nette du côté mésial. La cuspide est un peu tordue labialement. Des anomalies au niveau des tissus qui produisent les dents semblent être responsables des anomalies étudiées. Pour autant que nous le sachions, aucune anomalie dentaire n’avait été décrite auparavant chez le requin-citron. Nos résultats obtenus soulignent que des modifications dentaires résultant de traumas atteignant les tissus odontogènes ont eu lieu depuis longtemps, et de façon similaire à ce qui se produit chez les sélaciens actuels. La cause principale semble être toujours la morsure de pièces dures du squelette des proies.
Requins, dents anormales, Crétacé, Miocène, actualité