On considère habituellement que la créativité artistique est le fait de l'homme moderne et que l'art n'apparaît qu'avec Homo sapiens, au tout début du Paléolithique supérieur. Si ce fait semble bien établi, il semble pourtant que l'on doive reculer l'apparition de la pensée symbolique et du sentiment esthétique au Paléolithique ancien. En effet, à l'Acheuléen, le biface présente une symétrie et un esthétisme remarquable. Lorsqu'il constitue l'outillage lithique pratiquement exclusif d'une culture, comme c'est le cas dans le site de Nadaouiyeh Aïn Askar (Syrie centrale), on peut penser qu'il est porteur d'une composante symbolique forte. La question est de savoir si cet aspect harmonique de la forme a bien été conçu par l'artisan ou s'il résulte de phénomènes inconscients liés au façonnage de l'outil. S'il s'agit bien d'une symétrie consciente et voulue, il n'est pas impossible que l'homme ait tenté de projeter une partie de lui-même dans l'outil. Au travers de cette composante harmonique des bifaces, il semble donc que l'Homo erectus ait déjà été capable d'un comportement symbolique et de créativité artistique. Il ne s'agit pas d'art au sens classique, mais vraisemblablement de ses prémices.
Paléolithique ancien, Acheuléen, Homo erectus, biface, art, pensée symbolique