La restauration de la biosphère qui a succédé à la crise biologique de la fin du Permien s'est échelonnée sur un intervalle de temps considérable, estimé entre 8 et 10 Ma, voire 14 Ma. Il est généralement admis qu'elle a essentiellement progressé à partir de refuges dont la localisation géographique n'a encore jamais pu être établie. Leur existence peut cependant être rattachée à l'étonnante stabilité dont firent preuve certaines communautés biologiques entre le Paléozoïque supérieur et le Trias. Il en est ainsi des biocoenoses de la formation du Grès à Voltzia (Buntsandstein supérieur) de l'Est de la France, qui comportent à la fois des formes héritées de l'ère primaire (crustacés, amphibiens, insectes, végétaux), des genres annonçant les faunes modernes (crustacés, araignées, scorpions, insectes), des « fossiles vivants » (lingules, l'espèce panchronique Triops cancriformis), ainsi que des espèces pionnières du repeuplement des espaces décimés lors de la crise (le conifère herbacé Aethophyllum). Le Grès à Voltzia, d'âge Anisien inférieur, s'est déposé dans un environnement deltaïque, un milieu de transition entre la mer et les terres émergées, où des conditions climatiques localement moins arides ont permis la survie des peuplements, tant en milieu aquatique que sur le continent. La formation du Grès à Voltzia propose un modèle d'environnement ayant joué, pour les peuplements des terres émergées, un rôle de refuge lors de la crise de la fin du Permien et de ses répercussions au début du Trias.
Trias, Buntsandstein, faune, flore, fossiles vivants, refuges, stratégies de la reconquête