
Un enjeu majeur en biogéographie historique pour les clades ayant de longues histoires évolutives et des répartitions intercontinentales est la position changeante des plaques tectoniques. Ce mouvement modifie, au fil du temps, la proximité entre les différentes zones, un phénomène que très peu de modèles peuvent facilement prendre en compte. De plus, l’absence de fossiles dans la plupart des phylogénies moléculaires efface souvent les signaux biogéographiques qui ne sont pas conservés dans les arbres des taxons actuels. Dans cette étude, nous adaptons le modèle paléogéographique de Landis (2017), un outil potentiellement puissant pour estimer les aires ancestrales à l’échelle mondiale à travers le temps. Ce modèle crée des « classes communicantes » de zones en attribuant des unités géographiques discrètes à des matrices d’adjacence qui évoluent sur plusieurs périodes du Phanérozoïque afin de modéliser la dérive des continents. Nous appliquons cet algorithme à trois ensembles de données existants combinant des taxons fossiles et actuels de l’ordre des Squamates. Nos résultats confirment une origine des Squamates sur le continent eurasien – plus précisément en Europe et dans le nord-est de l’Asie – bien que les phylogénies échantillonnant davantage de lignées de Squamates du Jurassique apportent un soutien plus fort à une origine purement européenne. L’Eurasie est restée une source majeure de diversification tout au long du Mésozoïque, avec des dispersions vers l’Amérique du Nord à la fin du Jurassique et vers l’Amérique du Sud au milieu du Crétacé. Pour les Serpentes, les aires ancestrales restent incertaines et varient selon les hypothèses phylogénétiques, probablement en raison d’un échantillonnage disparate et incomplet dans les trois phylogénies.
Biogéographie, Squamata, serpents, lézards, tectonique, paléobiogéographie, fossile