
L’analyse du potentiel fonctionnel des bifaces, artefacts hors de notre mémoire technique, résulte d’approches directes (tracéologie) ou indirectes (expérimentation, rapport forme/fonction, comparatisme ethnographique). Les approches indirectes sont fondamentales lorsque la qualité de conservation des artefacts est insuffisante pour développer une analyse tracéologique, un cas de figure fréquent au Pléistocène moyen. Cet article propose une nouvelle méthode basée sur des acquisitions tridimensionnelles des artefacts, permettant de mesurer à la fois les angles de tranchants et les profondeurs de coupe sur lesquels ils s’expriment. Ce procédé permet d’opérer une distinction, notamment, entre des tranchants conformés pour des coupes sortantes ou rentrantes. Appliquée aux bifaces de l’UA P3 de la caune de l’Arago, cette analyse permet de mettre en évidence des outils au fort potentiel fonctionnel de coupe rentrante, certains pour inciser, d’autres pour couper plus profondément. Ces résultats corroborent ceux obtenus en majorité par les analyses tracéologiques et présentent de nouvelles modalités de lecture du potentiel fonctionnel des bifaces.
Morphométrie 3D, Bifaces, Pléistocène moyen, Acheuléen