Accueil

Functional morphology, biomechanics and the retrodiction of early hominin diets

Frederick E. GRINE & David J. DAEGLING

en Comptes Rendus Palevol 16 (5-6) - Pages 613-631

Publié le 30 septembre 2017

Cet article est tiré de la thématique Biomécanique, anatomie virtuelle et morphologie structurale interne des hominines : de la tête aux pieds. Un hommage à Laurent Puymerail

Morphologie fonctionnelle, biomécanique et rétrodiction du régime alimentaire des premiers homininés

Un axiome fondamental sous-jacent à l’analyse évolutive de la biomécanique soutient que la sélection naturelle a permis les adaptations du squelette et des dents en facilitant leur fonction de manière intelligible. Puisque la sélection sous-tend à améliorer le patron fonctionnel, il est généralement estimé possible de prédire la valeur adaptative d’une caractéristique morphologique à partir d’un modèle. Ce raisonnement a été largement appliqué pour interpréter des complexes morphologiques dans le registre paléontologique pour lequel il n’existe pas d’équivalents actuels. En particulier, les modèles biomécaniques ont été utilisés pour déduire les habitudes alimentaires des taxons homininés éteints à partir de la morphologie cranio-dentaire. Nombre de ces modèles sont limités par des données manquantes et des suppositions vaguement justifiées. La morphologie cranio-dentaire peut vraisemblablement nous renseigner davantage sur les capacités d’un taxon éteint à traiter les aliments dans sa cavité buccale – et probablement plus encore sur son histoire phylogénétique – que sur la constitution de son régime alimentaire. Même un homininé spécialisé dans une alimentation folivore n’a pas forcément des molaires bilophodontes. La rétrodiction du régime alimentaire basée sur l’anatomie comparée telle qu’elle a été appliquée aux taxons homininés plio-pléistocènes est examinée ici. Nous discutons le fait que l’application d’analyses par éléments finis à ces fossiles n’a pas révélé d’éléments convaincants concernant des habitudes alimentaires particulières. En effet, les conclusions basées sur ces modèles biomécaniques sont souvent contradictoires avec les données issues de l’analyse des isotopes stables légers, des micro-usures et des phytolithes, et ne sont pas non plus compatibles avec les observations sur les répertoires alimentaires et les habitudes de nutrition des primates actuels. Par exemple, le mangabey couronné (Cercocebus atys) est spécialisé dans la consommation d’aliments durs, mais ne souffre aucunement de la « faible constitution » de son squelette facial pour mastiquer de la nourriture dure. Parce que les primates sont des experts pour contourner de manière comportementale des problèmes biomécaniques, il serait peut-être utile de considérer l’ensemble des possibilités du répertoire alimentaire de chaque homininé dans un contexte comportemental qui inclut la possibilité de faire face aux problèmes biomécaniques avant ingestion.


Mots-clés :

Adaptation, Contrainte, Phylogénie, Micro-usure, Isotopes stables légers, Analyse par éléments finis, Ardipithecus, Australopithecus, Paranthropus

Télécharger l'article complet au format PDF Commander une version imprimée