
Les Siwaliks sont mondialement connues depuis la découverte en 1830 d’un grand singe dans les molasses miocènes du Potwar (Pakistan). Un siècle plus tard, des galets aménagés, des éclats puis des bifaces attirent les préhistoriens. Une relecture de la Yale-Cambridge India Expedition (1935), à l’origine du Ramapithecus brevirostris, révèle la collecte d’outils dans des graviers du Pliocène supérieur du bassin de la rivière Soan. Depuis 2003, le Muséum national d’histoire naturelle (France) et la Society for Archaeological and Anthropological Research (Inde) mènent des recherches dans les Siwaliks du Nord-Ouest de l’Inde. La Zone Quranwala de Masol, le cœur de l’anticlinal de Chandigarh, est connue pour sa faune du Pliocène tardif riche en Hexaprotodon, Stegodon, Cholossochelys et Hipparion, avec présence d’Equus et Elephas. Cinquante hectares ont été prospectés pendant huit campagnes de terrain (2008–2015) après la découverte de choppers et des traces sur quelques os fossiles de la zone Quranwala, tous collectés sur les récents affleurements du Pliocène final. Cet article présente le contexte historique et la démarche scientifique longue et rigoureuse qui aboutit à la reconnaissance de traces de découpe sur quelques os fossiles de la fin du Pliocène. Ces traces ont été faites avec des tranchants en quartzite par une intelligence qui connaissait l’anatomie des carcasses de bovidés. Nos recherches pluridisciplinaires aboutissent à la conclusion d’une activité anthropique il y a 2,6 Ma dans la plaine d’inondation sous-himalayenne et donc à de probables fossiles humains dans la zone Qurawala. La découverte est d’une immense importance pour maintenir les efforts de nombreuses générations soucieuses du développement de la préhistoire dans les Siwaliks et de sa contribution à la compréhension des processus d’hominisation entre le bassin de l’Indus, la Haute Asie et l’Asie orientale.
Chaîne frontale des Siwaliks, Inde, Pliocène final, Traces de boucherie, Choppers, Plaine d’inondation sous-himalayenne, Hominiens