Les tortues actuelles sont caractérisées par diverses réductions marginales dans la zone temporelle de leur crâne. Parmi d’autres facteurs mineurs, il est supposé que leurs modes de rétraction du cou ont une influence capitale sur la forme de cette zone au cours de l’évolution. Une étude récente sur la mobilité du cou des tortues souligne la possibilité qu’a la souche de tortues, telles que Proganochelys quenstedti d’être capable de rétracter aisément le cou en le rentrant sous le bord antérieur de la carapace. Une petite émargination dans la « joue » de cette espèce pourrait être corrélée avec son mode de rétraction du cou. Dans la présente étude, en utilisant une approche morphométrique géométrique, l’auteur corrèle les formes de courbure des cous rétractés et d’autres positions du cou, avec l’extension des réductions marginales dans le crâne des tortues. Et il fait l’hypothèse, fondée sur les répartitions de « morphospaces », que la rétraction du cou évolue une fois au cours de l’évolution de la tortue et que la rétraction du cou chez les tortues pleurodires et cryptodires est directement et indépendamment dérivée de la pliure de cou ancestrale. Les Pleurodires développent une boucle médiane dans leur cou allongé, pour une rétraction latérale. À l’aube de l’évolution, associées au cou rétracté (tourné latéralement) ancestral, les cervicales sont moins spécialisées que chez les taxons actuels. Pour les cryptodires, cette condition peut avoir permis une rotation intervertébrale transitionnelle vers l’orientation verticale du cou, trouvée dans ce groupe au cours de la rétraction. Ceci maintient la courbure ancestrale orientée de manière caractéristique de la colonne cervicale. L’auteur trouve que le mode de rétraction de type cryptodire et la flexion ventrale du cou chez toutes les tortues sont fortement corrélés avec l’extension de l’émargination de l’occiput. Néanmoins, la rétraction de type pleurodire n’influence pas autant la forme du crâne. L’émargination de la « joue » est corrélée avec l’extension de l’émargination de « l’occiput » et paraît en corrélation avec la fixation du palato-carré à la boîte crânienne chez les tortues couronnées. Une hypothèse peut aussi être formulée, selon laquelle les forces liées au cou agissant sur le crâne et la flexion ventrale du cou peuvent être des facteurs cruciaux pour la réduction d’une fenestration temporale potentielle, héritée d’un ancêtre tortue potentiellement fenestré.
Testudines, Proganochelys quenstedti, Rétraction du cou, Émargination, Fenestration, Analyse en composantes principales