L’assemblage humain fossile du site pléistocène initial de Tighenif, en Algérie, compte vraisemblablement parmi les premiers représentants du morphe Homo heidelbergensis. Une précédente étude de trois molaires déciduales de cet assemblage a révélé une signature structurale interne (proportions des tissus de la couronne et topographie de l’épaisseur de l’émail) approchant le schéma humain moderne. En utilisant des techniques avancées d’imagerie virtuelle et d’analyse quantitative 3D basées sur la microtomographie, nous étendons ici de manière significative le registre actuellement disponible à 22 dents permanentes, principalement de la denture mandibulaire, et fournissons les premières descriptions détaillées de la condition structurale caractérisant cette population Nord-Africaine, autour de la limite Pléistocène inférieur-moyen. Malgré un certain degré de variation individuelle, les dents de Tighenif montrent un patron structural combinant des caractéristiques primitives, dérivées et uniques. Les molaires inférieures dévoilent au niveau de la jonction émail-dentine un ensemble de traits non métriques plus fréquemment trouvés chez les humains modernes que chez les Néandertaliens, mais aussi un mélange de caractéristiques semblables soit à celles des Néandertaliens, soit à celles des humains modernes en termes de conformation structurale et de proportions des tissus. Elles présentent aussi des cavités pulpaires volumineuses, avec une bifurcation radiculaire assez élevée et des canaux pulpaires bien séparés, s’approchant plus particulièrement de la condition rapportée pour des Atériens du Pléistocène supérieur.
Tighenif, Dents permanentes, Morphologie structurale, Proportions des tissus, Pléistocène moyen initial, H. heidelbergensis, Algérie