Depuis plus de trente ans, les bryophytes aquatiques sont étudiées et utilisées comme bioindicateurs de la qualité des eaux. Ce présent travail se propose de présenter l’état des recherches actuelles sur le sujet à partir, d’une part de publications internationales et d’autre part, de données issues de rapports peu ou mal diffusés à l’échelle française, ce qui lui confère un caractère inédit. Après avoir présenté les bryophytes aquatiques et défini la notion de bioindication, l’accent est mis sur deux méthodologies : la bioaccumulation des polluants, principalement les métaux, et les réponses physiologiques liées aux stress. Les travaux concernant les mécanismes de bioaccumulation des métaux et des radionucléides par les bryophytes, comprenant adsorption, absorption, compétition, stockage et décontamination, sont très nombreux. Ils ont permis une amélioration croissante de l’efficacité de l’utilisation des bryophytes aquatiques pour l’évaluation des niveaux de contamination des eaux par ces éléments toxiques. Les mécanismes régissant l’accumulation des polluants organiques par les bryophytes aquatiques sont quant à eux encore peu connus. D’un point de vue pratique, la biosurveillance passive et active des cours d’eau par les bryophytes sont deux méthodes couramment utilisées qui présentent chacune des avantages et des inconvénients qui sont discutés. Parmi les études concernant les réponses physiologiques liées au stress, les travaux sur le stress oxydant chez les bryophytes sont encore peu nombreux et les connaissances sur ce point ne permettent pas encore une application pratique de cette méthode. Par contre, les travaux sur la mesure des pigments chlorophylliens (chlorophylle a et son produit de dégradation, la phéophytine a) ont apporté une méthode fiable permettant de mesurer le stress chez les bryophytes aquatiques, reflétant la qualité du milieu et ses changements. D’autres méthodes au niveau cellulaire telles que l’étude des mouvements ioniques des éléments essentiels ou l’étude des effets visibles liés aux polluants, ont également été étudiés. Actuellement certains indices, comme l’indice de contamination métallique (basé sur les niveaux de bioaccumulation) déjà utilisé par les agences de l’eau françaises et l’indice de stress (basé sur les teneurs en chlorophylle et phéophytine) tendent à développer l’utilisation des bryophytes aquatiques comme bioindicateurs de la qualité des eaux.