La découverte récente de plusieurs stations de Jamesoniella undulifolia dans le Massif Central permet aux auteurs d’aborder les conditions écologiques caractérisant les biotopes de cette espèce rare dont la présence en France n’était pratiquement plus attestée depuis plus de 50 ans. L’étude du comportement de cette hépatique dans les stations réparties sur plusieurs départements des régions Auvergne, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes met en évidence son caractère pionnier dans les complexes tourbeux actifs depuis l’étage collinéen jusqu’au sub-alpin. Les observations conduites à petite échelle au niveau des buttes de sphaignes auxquelles l’espèce est inféodée montrent un déploiement des populations totalement conditionnées à l’état de conservation et de vitalité des sphaignes qui servent de support vivant. Un modèle fonctionnel de la dynamique des populations de Jamesoniella undulifolia est proposé, établi sur la base des variations synchrones de la croissance des sphaignes, de son mode d’occupation et de son taux de recouvrement à la surface des populations de sphaignes. Avec cet apport conséquent de nouvelles données, une répartition globale actualisée de l’espèce est proposée au niveau de l’ensemble du territoire national. Ceci permet de préciser à la fois la distribution des niveaux d’altitude les plus fréquents et les terroirs d’accueil les plus riches actuellement connus. La présence de populations dans un état optimum de développement végétatif ainsi que la présence de populations productrices de sporophytes permet quelques remarques morphologiques précisant certains points touchant en particulier à la plasticité phénotypique et à la structure des anthéridies. Un nombre significatif de relevés bryosociologiques réalisés dans une quinzaine de stations permet d’individualiser une nouvelle association bryologique très originale : le Jamesonielletum undulifoliae qui fait partie de la classe des Mylietea anomalae, classe bryosociologique caractérisant les groupements d’hépatiques colonisatrices pionnières des stades initiaux se déployant sur populations vivantes de sphaignes durant leur phase de croissance puis de dépérissement. Jamesoniella undulifolia pourrait donc être considéré ainsi comme une espèce bio-indicatrice de la vitalité des systèmes tourbeux acides notamment en moyenne montagne. Si l’intensification des pratiques agricoles ainsi que la réduction généralisée des espaces tourbeux représentent les deux principales menaces pour l’espèce, sa présence et la manière dont ces populations sont en mesure de se développer peuvent constituer un signal biocénotique de l’état de conservation des tourbières.