De toutes les infortunes qui accablèrent Lamarck dans les dernières années de son existence, la privation de la vue dut être pour lui une des plus sensibles, non seulement parce qu'elle diminuait la capacité du savant, mais aussi parce qu'elle retirait une jouissance à l'homme aux goûts délicats qui, autant qu'aucun autre, avait aimé l'harmonie souveraine des couleurs et la pureté des lignes. Il appartenait à cette phalange d'hommes distingués, véritables héritiers du XVIIIème siècle, qui, ayant entrepris de rénover, dans toutes leurs parties, l'étude des sciences naturelles, ne voulaient pas que le culte de l'art fût exclu de leurs préoccupations. N'ignorant pas que, depuis Colbert, les dirigeants du Jardin du Roi avaient toujours eu des peintres parmi le personnel placé sous leurs ordres et qu'ils veillaient à ce que les plus belles productions de la nature, représentées avec soin sur des vélins de choix, allassent enrichir le Cabinet du prince, ils entendaient continuer une tradition qui donnait un prestige de plus à l'objet de leurs études et souvent une consécration à leurs découvertes.