Au cours d’une expédition scientifique regroupant archéologues, épigraphistes et un zootechnicien sur l’ancienne piste caravanière de la période nabatéenne joignant le site d’Hégra à l’oasis de Taymāʾ en Arabie Saoudite, un relevé systématique des gravures rupestres a été réalisé sur une cinquantaine de sites, pour certains jamais décrits. Dans ces gravures, la place des représentations et de la nomination du dromadaire (Camelus dromedarius Linnaeus, 1758) était largement prépondérante. La présente contribution tente de faire une analyse zootechnique de ces représentations remarquables par la diversité des postures et la richesse de ce qu’elles nous disent sur la place du dromadaire au sein des sociétés anciennes de la région, notamment la civilisation nabatéenne. Sont discutées notamment les représentations du genre, de l’état physiologique, de la gestion des animaux, de leur utilisation (bât, monte, lutte), de leur condition individuelle (état corporel, critères de beauté, couleur de robe) et de leur posture en particulier dans les représentations « face à face ». À cela se sont rajoutées les différentes dénominations (zoonymes) du dromadaire présentes dans les inscriptions variées accompagnant les gravures, rédigées dans différentes écritures alphabétiques dites « nordarabiques ». Il s’agit ici du regard croisé entre un zootechnicien et des épigraphistes d’aujourd’hui devant des représentations élaborées par des éleveurs, chameliers avant d’être artistes.
Royaume nabatéen, gravure rupestre, caravane, zootechnie.