Un article de Michel Pastoureau (2008) a posé les bases d’une réflexion sur le rapport entre les ménageries princières médiévales et les savoirs zoologiques, entre observation d’espèces rares, vérification de légendes anciennes, discours érudits et éventuelles expérimentations, en s’appuyant principalement sur les cas de l’éléphant et de l’ours. Le présent article explore les quelques hypothèses émises dans cette étude, en s’appuyant, en plus de l’éléphant, sur les cas du lion (très présent dans les ménageries médiévales) et de l’autruche. Pour ces trois espèces, certaines légendes, transmises ou non par les Bestiaires, ont pu être infirmées par l’observation, voire l’expérience : les éléphants n’auraient pas de genoux ; les lionceaux naîtraient « sans vie » et seraient « ressuscités » au bout de trois jours ; l’autruche serait capable de manger du métal. Ceux qui observent des animaux exotiques en captivité sont partagés entre deux pôles opposés : vouloir justifier les croyances anciennes, d’une part, contredire et expliquer les erreurs des autorités, d’autre part. Ces observations et réfutations éventuelles de légendes anciennes n’ont eu qu’une influence limitée sur les savoirs médiévaux sur l’animal exotique, notamment dans les encyclopédies, mais elles témoignent, surtout pour la fin du Moyen Âge, d’une démarche critique nouvelle où il s’agit d’évaluer ce que l’on voit à l’aune de ce que l’on connaît des textes (et réciproquement).
Ménageries médiévales, histoire naturelle, savoirs zoologiques, éléphant, girafe, autruche, lion, crocodile.