Le morse (Odobenus rosmarus) est très apprécié des peuples arctiques, en particulier pour son grand potentiel nutritionnel et pour ses canines proéminentes. Au Dorsétien, l’exploitation de cet animal a été particulièrement valorisée, notamment à Tayara (KbFk-7), l’un des plus prestigieux sites paléoesquimaux. Localisé au nord du Nunavik (Québec, Canada), le niveau II de Tayara a livré une preuve évidente de chasse au morse ainsi qu’un très grand nombre de restes fauniques et d’objets fabriqués sur dents ou os de morse. Une exploitation diversifiée et généralisée des carcasses a été mise en évidence. Les études consacrées au morse étant encore limitées, nous avons entrepris une approche originale, globale et multidisciplinaire, permettant de reconstituer le modus operandi de la chaîne d’exploitation d’une carcasse. Les résultats de l’archéozoologie, de la technologie osseuse et de la tracéologie lithique ont ainsi été combinés. L’archéozoologie a permis de retrouver le profil squelettique, le sexe et l’âge des individus apportés entiers sur le site (i.e., six individus des deux sexes, souvent adultes). L’examen technologique a montré que les défenses et os de morse étaient travaillés selon les mêmes procédés techniques que pour les autres espèces. Cependant, les intentions de production étaient plus ciblées, privilégiant la fabrication des armes de chasse et des objets à valeur de signe. L’étude tracéologique a confirmé que toutes les activités touchant à l’exploitation du morse ont bien été menées sur le site de Tayara.
archéozoologie, chasse, activités de boucherie, traces d’utilisation, technologie osseuse, Tayara, Québec, Nunavik.