Le présent article analyse les premiers résultats de l'enquête ethnographique que j'effectue depuis le milieu de l'année 2001 sur le travail des bioéthiciens dans l'espace public. J'essaie de combler non seulement le déficit évident des données empiriques sur lesquelles s'exerce l'éthique, mais également le vide analytique entourant les pratiques des bioéthiciens eux-mêmes. Je propose de faire l'ethnographie des « faiseurs d'idéologie », c'est-à-dire des philosophes, (bio)éthiciens, théologiens, juristes, zoologues, vétérinaires, fourreurs, politiciens et parlementaires, etc. J'ai choisi parmi ces personnes celles qui sont actives dans l'établissement de normes en bioéthique, et dont l'engagement en faveur de la protection des animaux est variable. L'enquête a pour sujet une ramification récente d'un conflit qui a débuté au début des années 1970 et dans lequel s'affrontent les militants anti-fourrure et les fourreurs. Actuellement la bataille porte sur l'utilisation des animaux familiers pour de la fourrure. L'univers de la fourrure se révèle un champ social symptomatique des dérives plus générales concernant les rapports au vivant dans nos sociétés post-modernes.
Bioéthique, ethnographie, mouvement anti-fourrure, visons, relations humain/animal, biotechnologie.