Les jeux tauromachiques, comme le boeuf et le cheval, ont été importés au Mexique par les Espagnols qui ont imposé de ce fait une catégorie jusqu'alors inconnue en Méso-Amérique, la distinction entre animal de rente et animal de loisir. Cependant, la transformation que ces jeux ont subie dans les pratiques spectaculaires et festives de tradition locale (charreada, jaripeo, torito) relève du paradoxe : elle s'articule autour de la monte du taureau par l'homme (ou de son contraire, la monte de l'homme par un taureau figuré), soit une sorte de dérision de l'équitation. Se détournant des analyses en termes de diffusion et d'acculturation, l'auteur montre que cette combinatoire mexicaine, qui confond systématiquement monteur, monture, animal et humain, est le résultat d'une interprétation du boeuf et du cheval qui permet à l'indigène d'intégrer dans sa propre cosmogonie ces « animaux impérialistes » et, de ce fait, de les contrôler par la pensée.
Jeux taurins et équestres, Mexique, monte, domestication, deprésentations animalières, culture indigène.