Les opinions divergent sur les indices témoignant de l'exploitation du lait à la Préhistoire, dans les profils de mortalité des espèces laitières. La question se pose particulièrement de savoir si l'abattage du jeune aurait augmenté ou au contraire réduit la part du lait disponible pour la consommation humaine. Cet article tente d'expliquer pourquoi, étant donné des différences dans leur physiologie de lactation, il se peut que la réponse à cette question soit différente pour les bovins et les caprinés. La part du lait citernal, disponible par simple pression du pis, par rapport au lait alvéolaire, qui doit être expulsé par déclenchement du réflexe d'éjection, est considérablement plus grande chez les caprinés que chez les bovins. Le déclenchement de la descente du lait est primordial chez la vache pour assurer à la fois la quantité et la qualité de la production de lait, et pour maintenir la lactation, tandis que les conséquences sur la production laitière de l'inhibition du réflexe d'éjection du lait sont moindres chez les caprinés. Par ailleurs, la stimulation des femelles de caprinés demande considérablement moins d'effort que celle de la vache, chez laquelle la présence du veau est encore nécessaire de nos jours chez les races rustiques pour initier le réflexe d'éjection du lait. Tout cela suggère que l'enlèvement du jeune aurait sérieusement compromis la traite de la vache, tandis qu'il n'aurait pas empêché celle des caprinés.