Dans l'Antiquité classique, les Stoïciens paraissent avoir adopté la position la plus radicale en ce qui concerne la séparation de l'homme avec l'animal : nous n'avons pas de rapports de justice avec les « brutes », les animaux ont été mis à notre disposition par la providence, ils sont incapables de poursuivre pour eux-mêmes un bien au sens strict. Ces thèses, qui ont été vivement critiquées par le courant académicien, sont appuyées sur l'affirmation que les animaux (autres que l'homme et les dieux) sont incapables de « discours intérieur », bien qu'on puisse reconnaître à certains d'entre eux une capacité d'expression vocale. Cette manière d'envisager les animaux surprend de la part d'une École qui s'est, par ailleurs, appliquée à délimiter les conditions de l'oikeiôsis de l'homme à partir de celle de l'animal (doué, comme l'homme, de sensation de mouvement et de représentation). Dans cet article, on examine deux textes - la Lettre 121 de Sénèque et le début d'un traité d'Éthique de Hiéroclès, conservé dans le Pap. berol. 9780 v. - pour la présentation qu'ils fournissent sur la portée et les limites de la " perception de soi "(proprioception) dont l'animal est capable.
Stoïcisme, proprioception, discours intérieur.