Depuis le début des années quatre-vingt-dix, le retour du loup en France est objet de débats passionnés opposant les protecteurs de la nature et les éleveurs de montagne. On veut proposer ici de dépasser les évidences et les slogans et de prendre en compte le discours social généralement dévalorisé des rumeurs. Tout d'abord, l'article décrit l'évolution de la situation depuis le printemps 1993, première annonce du retour "officiel" du loup en France, jusqu'au printemps 2000, lorsqu'un "Plan Loup" officiel, prévoyant une régulation de la présence de l'espèce selon les zones où elle s'implante, est adopté. Il présente ensuite les parties qui s'opposent : éleveurs et députés des zones montagnardes ; associations de protecteurs et mouvements d'amis des loups ; administrations, longtemps passives. Leurs arguments se ressemblent, chacun s'affirmant le plus proche de la nature, terme très valorisé qui recouvre des réalités bien différentes. Un aspect de la situation généralement ignoré est abordé en troisième lieu : l'existence d'élevages incontrôlés de loups, ce qui conduit à des lâchers (volontaires ou accidentels) bien réels. Ce fait est lié à l'évolution de l'image du loup que la quatrième partie présente ensuite : du plus rejeté à l'emblème d'une nature sauvage reconstruite, le loup demeure un "animal du comble" polarisant les passions. La cinquième partie analyse les rumeurs de lâchers d'animaux sauvages (qui existent dans le monde entier, une de leurs principales expressions étant l'ubiquité prêtée aux félins-mystères) et les vérités qu'elles expriment. On s'interroge en conclusion sur le devenir du loup sauvage en France.
Rumeurs, Conflits sociaux, Faune sauvage, Écologie.