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L'homme et l'animal dans le bûcher de Patrocle (Iliade, XXIII)

François POPLIN

fr Anthropozoologica 21 - Pages 253-265

Publié le 01 novembre 1995

Cet article est tiré de la thématique L'animal dans l'espace humain, l'homme dans l'espace animal . Actes du 5ème Colloque international HASRI, Genève, 23-25 novembre 1994

Autour du corps précieux de Patrocle sont déposés moutons et bœufs en quantité importante mais non déterminée, chevaux et chiens en nombre donné, ainsi que douze jeunes Troyens, tout cela avec suffisamment de précision pour qu'on soit assuré d'un agencement spatial, mais aussi avec assez de flou pour que des glissements soient possibles au cours du récit. En effet, dans la scène d'ostéologie (collecte des os dans la cendre), les chevaux ne sont plus où on les attendait. C'est que deux logiques se succèdent : dans la mise au bûcher, les chevaux sont perçus comme proches de l'homme (incarné par Patrocle) ; dans le tri des ossements, ils sont loin de lui pour éviter les confusions ; les deux reviennent au même, c'est-à-dire à la proximité de l'homme et du cheval. Un autre phénomène important est l'évanouissement des bovins et ovins, qui semblent n'avoir été là que pour nourrir le feu, comme ils alimentent la table des vivants. Les hommes et les chevaux sont seuls à ressortir du poème en même temps que du brasier. Ils le font par leurs os. Ceux de Patrocle sont l'objet d'une grande attention, dont une illustration archéologique est fournie par les restes de Philippe de Macédoine. L'usage du bûcher homérique visait à produire des os blancs, ce qui diffère de l'usage romain et de notre idée de l'incinération. Ce désir d'avoir des os reconnaissables a engendré l'ostéologie. On assiste, dans l'évolution sémantique de ce terme grec, au passage de la pratique funéraire à l'étude des os. Par le récit des funérailles de Patrocle, le chant XXIII de l'Iliade a un rôle sinon fondateur, du moins de parrainage de l’Anatomie comparée.


Mots-clés :

Crémation, Incinération, Calcination, Carbonisation, Ostéologie, Syntaxe du bestiaire, Astragale.

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